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Le peintre en 1905

Eugène Carrière né le 16 janvier 1849 à Gournay sur Marne (actuelle Seine Saint-Denis) d’une famille d’origine flamande par son père Léon, et alsacienne par sa mère Elisabeth Wetzel. Il grandit à Strasbourg où il reçoit une formation de lithographe. Contre l’avis de son père, il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Cabanel et se forge une culture propre par l’observation de la nature et la fréquentation des musées. Marié à Sophie Desmouceaux, dont il aura sept enfants, il est contraint à des tâches diverses pour subvenir aux besoins de sa famille. Il expose néanmoins au Salon: La Jeune Mère (1879), L’Enfant Malade (1885), autant de symphonies domestiques, inspirées des maîtres hollandais, qui lui valent le titre un peu réducteur de « Peintre des Maternités ».

Remarqué de la critique, apprécié de collectionneurs comme Moreau-Nélaton, il est introduit auprès de personnalités du monde littéraire, artistique et politique dont il immortalise les traits dans de pénétrants portraits: Verlaine, Gauguin, Daudet, Clemenceau, Rodin, Anatole France, etc… Les expositions se succèdent: première exposition personnelle en 1891 chez Boussod et Valadon, participation aux Expositions Universelles de 1889 et 1900, Salon de la Libre Esthétique, de l’Art Nouveau chez Bing ou exposition en 1896, en compagnie de Rodin et Puvis de Chavannes.

Art de suggestion par excellence, son œuvre évolue vers une monochromie de terre et d’ocre, inspiratrice de Picasso, qui ne retient que les jeux de l’ombre et de la lumière. Incomprise du grand public, cette lente évolution est saluée par Gauguin et Maurice Denis. Dés les années 1880, Eugène Carrière se lie à Rodin dont il partage l’amitié et les conceptions esthétiques; le sculpteur lui confie l’affiche et la préface du catalogue de son exposition de 1900, au Pavillon de l’Alma.

Témoin de son temps, Carrière participe au mouvement des idées: défense de Dreyfus au côté de Clemenceau et de Zola, émancipation féminine, etc… Jamais dogmatique, il défend un humanisme qui place l’éducation au centre des préoccupations.

A l’aube du siècle nouveau, entre tradition et modernité, il devient un artiste de référence. En 1899, il enseigne à l’Académie Carrière où ses élèves, Matisse et Derain, trouvent une liberté créatrice propice à leur évolution; ces mêmes élèves, « les Fauves », exposent au Salon d’Automne pour lequel Carrière s’est tant battu et dont il devient le premier président. Affaibli par la maladie, il s’éteint à la Villa des Arts à Paris, le 27 mars 1906.

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REGARD 345 – Eugène Carrière, Musée de Gournay… par regardezleshommesdanser