LES DROITS DE L’HOMME, lithographie, 1871

Carrière réalise cette lithographie lorsqu’il étudie dans l’atelier d’Auguste Munch à Strasbourg après son retour de Dresde où il fut emprisonné suite à la défaite militaire de la France. Cette œuvre traduit le premier engagement humaniste du peintre. En effet, elle évoque l’écrasement de la Commune de Paris par une représentation allégorique de la répression des communards. Au premier plan, le peuple de Paris est représenté, victime de la violence .

A l’arrière-plan se dégage la silhouette des bâtiments parisiens. Par une haute maîtrise du dessin sur la pierre, Carrière représente le malheur du peuple et le nouveau gouvernement qui met à mal les Droits de l’Homme.

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L’ARBRE GENEALOGIQUE DU CHRIST, huile sur toile, 1902

Le tableau accompagne une suite de six gravures pour un ouvrage exceptionnel publié pour le centenaire de Victor Hugo. Dans ce recueil, Carrière illustre “Booz endormi”, poème issu de La Légende des Siècles, œuvre monumentale de Victor Hugo qui dépeint l’histoire de l’humanité. Ce poème retrace l’ascendance du Christ. Booz est l’aïeul de Jessé. Par l’utilisation impressionnante du clair-obscur, ce tableau illustre les préoccupations philosophiques et spirituelles de l’œuvre de Carrière. Ici, elles s’expriment par des rythmes souples et allusifs. Le peintre Maurice Denis parle de la peinture de Carrière avec admiration : « Il semble que son âme anxieuse pesait l’angoissant mystère de la Faute et de la Malédiction originelles. Tout pour lui était ombre et mystère ».

TÊTE D’EXPRESSION, huile sur toile, 1902

Portrait quasi monochrome, cette étude est d’une présence remarquable. C’est la vie intérieure de la jeune femme qui est uniquement représentée. Les traits individuels sont estompés, cette recherche de l’intériorité psychologique s’éloigne d’une représentation réaliste ou photographique. En effet, après 1890 l’écart s’accentue entre la chose vue et la chose représentée, le fond est neutralisé. Cette peinture montre la modernité de Carrière qui s’intéresse au débat sur la psychologie. Cette épuration des formes montre aussi la recherche picturale monochrome du peintre, qui a impressionné le jeune Picasso.